La Brousse du Rove 46ème AOC ?
Ce n’est plus qu’une question de quelques jours pour qu’une dizaine de petits producteurs de l’historique brousse du Rove, Sentinelle Slow Food, aient leur AOC : une dénomination qui pourrait être la plus petite de France.
Les démarches de la 46ème dénomination d’origine de fromage vont de l’avant depuis dix ans ; les producteurs ont fait preuve d’une patience et d’une détermination inébranlables, et finalement les travaux devraient arriver à terme.
Le cahier des charges ayant déjà été complété et approuvé il y a plusieurs années, il ne manque plus que la validation pour la formalité. La bonne nouvelle est arrivée au cours d’une rencontre organisée à l’événement Cheese où Luc Falcot, président de l’association de défense des chèvres du Rove et producteur de brousse, racontait la Sentinelle de Slow Food.
La chèvre du Rove : une race traditionnelle particulièrement utile
La chèvre du Rove est une race traditionnelle, particulièrement adaptée aux pâturages arides et au sous-bois de l’arrière-pays provençal. Elle se nourrit de plantes rustiques – argelas (Genista scorpius) et de chêne kermès (Quercus coccifera) – qui donnent à la brousse son goût typique.
Les chèvres du Rove apportent une contribution fondamentale à la gestion du territoire : en s’alimentant de feuillages et d’arbustes, elles évitent les accumulations de feuilles qui peuvent rapidement prendre feu. De par leurs faibles exigences alimentaires, elles résistent également s’il y a peu de ressources disponibles.
La Brousse du Rove victime de son succès
La brousse faite avec son lait a une pâte onctueuse, friable et dépourvue de sel. Elle se consomme fraiche et est vendue dans un moule en forme de cornet, sur les marchés, dans les restaurants locaux ou via les AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne).
On peut la déguster jusqu’à 4 à 5 jours après sa fabrication. Elle est appréciée par son intensité et sa longueur en bouche, extraordinaire pour un fromage si frais.
La brousse du Rove est aujourd’hui victime de son succès et depuis quelques années, on retrouve sur les étales des brousses au lait de chèvres alpines, au lait de vaches ou même au lait industriel en briques !
Les brousses sont très recherchées et les bergers chevriers n’ont pas de difficulté à écouler leur production.
Leurs démarches ne visent qu’à préserver le marché des abus, afin qu’il perdure et autorise l’installation de nouveaux producteurs. Le danger vient de producteurs artisanaux et industriels peu scrupuleux.
L’importance d’une AOC Brousse du Rove
C’est pourquoi il est important de la protéger, en fixant quelques critères précis : lait cru, race du Rove uniquement, alimentation en pâturage. Le territoire est compris dans les départements des Bouches du Rhône, du sud du Vaucluse à l’Ouest du Var.
Le travail de fond pour l’AOC a été mené avec des experts de l’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) qui, d’ici quelques jours, devraient exprimer leur validation définitive, longtemps attendue. Pendant ce temps, dans le Rove, les bergers, fiers d’avoir travaillé sur une réglementation particulièrement attentive et rigoureuse, capable de protéger la survie de leur brousse, préparent une grande fête…
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