Une double ouverture

19/06/2018 | Les news de Slow Food International | 0 commentaires

Le Congrès International de Chengdu avait montré toute la nécessité d’un changement de poids au sein du mouvement Slow Food.

Lors du premier Conseil International suivant le Congrès, qui s’est déroulé à Nairobi du 15 au 17 juin, la tâche était de recueillir toutes les inspirations politiques et culturelles de Chengdu et d’orienter le sens du changement, de lancer la phase de transition qui sera pleinement opérée en automne 2020, alors que le réseau mondial de Slow Food sera de nouveau appelé à célébrer son propre progrès.

Le changement

“En 2004, Terra Madre a marqué un tournant révolutionnaire à l’intérieur de notre mouvement. Terra Madre a été, et est l’expression des communautés de la nourriture, dont les actions au niveau local étaient fondées sur la prise de conscience qu’il s’agissait d’un enjeu à l’échelle planétaire : contre les multinationales, contre qui détient la mainmise sur la nourriture, l’agriculture, l’eau, la terre, les graines. Face à eux, notre réponse est de : travailler pour soutenir les formes d’une économie locale, qui défendrait la biodiversité, le bien commun, le respect de l’environnement ». C’est ainsi que Carlo Petrini a introduit les travaux du Conseil, avant d’ajouter : « Cependant si l’économie locale ne fait pas partie d’un réseau, elle n’a aucune force ».

Depuis 2004, un processus de changement a lentement vu le jour, processus qui a vu changer la vision des leaders, les objectifs de l’association, qui l’a vu se mesurer aux constantes nécessités de renouvellement déterminées par des défis toujours plus engagés et imposés par les temps qui courent. Petrini déclare aussi : « La particularité de Slow Food est d’avoir été à l’écoute, d’avoir voulu défendre la biodiversité alimentaire mais aussi la diversité culturelle qui en est l’expression la plus authentique, et dont une des manifestations les plus significatives a été construite par le réseau Terra Madre Indigènes».

Le Congrès de Chengdu a été le congrès le plus innovatif et le plus courageux pour notre mouvement. Comme jamais auparavant, il nous a été évident qu’il a était diffusé et ancré partout, avec ses propres façons d’agir, avec la possibilité d’interpréter la diversité et de la vivre dans les territoires en toute dignité. Et plus que jamais, il nous est apparu clairement la nécessité d’imposer un changement, même traumatique, dont nous ne devons pas avoir peur. Comme jamais, il nous est apparu clairement que nous ne sommes pas une forme associative classique, ni une ONG, mais un mouvement qui travaille en réseau, et que c’est au sein du réseau que réside sa plus grande richesse. C’est à Chengdu que nous avons choisi le modèle d’organisation de la communauté ».

La communauté

Le terme communauté n’est pas nouveau dans l’histoire de Slow Food, ni dans l’histoire de la civilisation en général. Communauté dérive du latin communitas et désigne la capacité de savoir mettre en commun : expériences, problèmes, ressources, connaissances, mais aussi une façon de se poser et de se lier les uns aux autres. Au centre de l’idée de communauté il y a le bien commun, lié à la nourriture, à l’environnement, au social, à la spiritualité. Et son élément fondateur est la sécurité affective. « Au fil des siècles les communautés ont déterminé le changement, la reconstruction si ce n’est la régénération de l’économie, l’adaptation à diverses situations, et ont exprimé leur capacité à relever les défis ».

« Avec Chengdu nous avons commencé à accompagner les communautés aux Conviviums, car le processus d’évaluation ne doit pas survenir par pertes et fracas, il doit être facilité de manière naturelle, mais il est évident que nous devons travailler pour l’inclusion et pour devenir un réseau unique, pour favoriser les alliances. Les communautés existent déjà, beaucoup d’entre elles seront présentes à Turin, à la prochaine édition de Terra Madre Salone del Gusto, et comme tant d’autres y ont participé par le passé. Les inclure, et être capable de « recenser » les personnes qui composent notre mouvement spécifique, veut aussi dire réussir à en décrire avec le plus de précision possible l’impact, la diffusion, l’identité ».

La double ouverture

Si l’objectif à atteindre est celui de lancer la transition, il faut réfléchir sur deux éléments.

« En matière de connaissance et de savoir, nous avons la conviction que les savoirs traditionnels sont du même niveau que les savoirs académiques. Tous les dépositaires de savoirs et de connaissances sont des enseignants : les citoyens, les communautés indigènes. La pédagogie appartient aussi aux plus humbles, des plus faibles, ce n’est pas une prérogative des universités traditionnelles. Les agriculteurs, les indigènes, les plus faibles, les plus modestes sont tous des membres que nous devons inclure dans nos communautés. Nous devons nous ouvrir, aujourd’hui plus que jamais, à cette humanité, et être pleinement conscients de comment nous pouvons compter les uns sur les autres : contre la violence, contre l’oppression, pour les droits des plus modestes ».

« Nous avons tant de travail à accomplir, mais nous ne partons pas de rien. Nous pouvons commencer par ce que nous avions déjà, des projets comme l’Arche du Goût et les Présidiums, l’Alliance des Cuisiniers, les Marchés de la Terre, les jardins, les réseaux déjà actifs au sein du mouvement… Souvenons-nous que ce sont les idées qui changent le monde : aujourd’hui nous construisons la plus grande aventure qui soit, parce que nous brisons les schémas, l’exclusivité, les catégories économiques. Aujourd’hui nous sortons de là avec le devoir de « submerger » tout un mouvement. Ainsi nous réaliserons Slow Food 2.0, ainsi nous réaliserons un réseau mondial qui n’a pas d’équivalent au monde ». Ce sont avec ces paroles que Carlo Petrini concluait le congrès, dimanche 17 juin, donnant rendez-vous à tous du 20 au 24 septembre à Turin pour la nouvelle édition de Terra Madre Salone del Gusto.

Dans quelques jours, le documentaire dédié à la constitution des Communautés de la nourriture, tel que modifié et approuvé par le Conseil International de Nairobi, sera publié sur le site de Slow Food en plusieurs langues et sera ainsi disponibles pour tous.

 

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