Dans son dernier report, l’Organisation des Nations unies invite à arrêter le « business as usual » pour interrompre le processus de destruction des ressources naturelles et l’effondrement imminent de la biodiversité.
Avec un bilan négatif sur les dix dernières années, les pays et gouvernements du monde n’ont pas réussi à atteindre les 20 objectifs de préservation de la biodiversité fixés en 2010. Il est donc temps de faire un réel effort pour changer les choses.
La cinquième édition des Perspectives mondiales de la diversité biologique (GBO-5), qui représente la publication majeure de la Convention sur la diversité biologique (CDB), dresse le bilan des progrès réalisés par l’humanité pour atteindre les vingt objectifs de protection et préservation de la biodiversité définis en 2010 lors de la Conférence des Parties (réunion annuelle des pays membres de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques), dans le cadre de l’approbation d’un plan stratégique mondial sur dix ans.
« Il y a plein de belles initiatives dans le monde entier, qui doivent être célébrées et encouragées, a déclaré Elizabeth Maruma Mrema, secrétaire exécutive de la CDB. Néanmoins, la perte de la biodiversité s’accentue de façon inédite dans notre histoire et la situation devient de plus en plus problématique. L’appauvrissement de la nature facilite la propagation de maladies dévastatrices pour les hommes et les animaux, comme le coronavirus qui sévit cette année. Il nous reste très peu de temps pour agir, mais la pandémie a prouvé que nous sommes capables d’apporter des changements considérables lorsque nous sommes au pied du mur. »
Malgré des progrès encourageants dans certains domaines, le rapport des Nations unies déplore le manque de réussite dans la poursuite des objectifs d’Aichi fixés en 2010, dont seulement six ont été partiellement atteints au cours des dix dernières années. L’appel des Nations unies, basé sur des données scientifiques préconisant une action collective urgente et qui ne peut plus être reportée, propose huit changements à apporter immédiatement pour assurer le bien-être de l’homme et la protection de la planète.
Ces changements soulignent le besoin de préserver les écosystèmes ainsi que la faune et la flore, d’amorcer une transition vers une agriculture et un système alimentaire durables, y compris pour les pêcheries et la protection des océans et des réserves d’eau douce, et d’adapter les infrastructures et les autres activités de l’homme à une vision plus écologique.
« Pour atteindre les objectifs fixés en 2010, il faut prendre des mesures concrètes contre l’accaparement des terres et l’exploitation abusive des écosystèmes fournis par les forêts, les fonds marins et les zones côtières, ainsi que d’autres milieux précieux qui accueillent la biodiversité mondiale » a déclaré Edie Mukiibi, vice-président de Slow Food International.
Depuis sa création, Slow Food présente la défense de la biodiversité comme un des enjeux clés de ses stratégies visant à promouvoir des modèles de production, de transformation et de consommation alimentaire durables et sains pour l’homme comme pour la planète.
« La société civile a beaucoup travaillé à la sensibilisation et au partage de connaissance sur la biodiversité. Cependant, notamment dans l’hémisphère sud, il existe encore trop de conflits entre le soutien actif de la biodiversité et les projets de l’industrie agroalimentaire. Je sais que de nombreux gouvernements ignorent les avertissements des scientifiques, des associations et des militants environnementaux et ne sont pas prêts à s’engager suffisamment pour faire de la conservation de la biodiversité une priorité.
Les très nombreux cas d’accaparement des terres et de déforestation de masse contribuent notamment à anéantir les objectifs de protection de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique : « De grandes étendues de forêts, d’écosystèmes marins, de marais et de zones humides, qui sont d’autant plus précieuses qu’elles constituent des lieux très riches en biodiversité, sont sans arrêt récupérées par des entreprises agroalimentaires pour de la monoculture, des exploitations minières et des projets de construction d’infrastructures. Le fait que les gouvernements continuent à vendre ces zones affecte non seulement les communautés qui y vivent depuis des décennies, en lien étroit et harmonieux avec ces écosystèmes fragiles qui leur offrent des moyens de subsistance, mais ruine également les efforts de toute la communauté internationale de manière irréversible.
Le rapport alerte sur la diminution précipitée de certaines espèces, des insectes aux oiseaux en passant par les reptiles, les mammifères et les plantes. Les Nations unies nous rappellent que la biodiversité est essentielle pour lutter contre le changement climatique et assurer la sécurité alimentaire à long terme et la santé de la population.
« Lorsqu’on parle de biodiversité, on oublie souvent de parler de la richesse des espèces comestibles et leur importance vitale pour préserver nos moyens de subsistance et la survie des économies locales. C’est pourquoi ils [les gouvernements] n’hésitent pas à chasser les communautés et à détruire les écosystèmes pour des projets de « développement » avec un rendement économique direct en ignorant les dommages environnementaux que cela génère sur la planète. »
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